Si Tokyo incarne le futur et Osaka l’énergie brute, Kyoto, elle, respire le Japon ancien. Ici, les toits en tuiles se reflètent dans les étangs silencieux, les rues pavées mènent à des sanctuaires centenaires, et les saisons dictent encore le rythme de la ville. Ancienne capitale impériale pendant plus de 1000 ans, Kyoto n’est pas figée dans le passé — elle l’habite. Voici mon parcours dans cette ville où chaque pas est une leçon d’élégance et de simplicité.
Fushimi Inari Taisha : les 10 000 torii pour se perdre… et se retrouver

Sans doute l’un des lieux les plus emblématiques du Japon : le sanctuaire Fushimi Inari, célèbre pour ses milliers de portiques rouges (torii) qui serpentent sur plusieurs kilomètres à flanc de montagne. C’est un lieu aussi sacré que physique : on grimpe, on sue, on médite. Plus on monte, moins il y a de monde, et plus la forêt devient mystique.
📍 À 5 min à pied de la gare JR Inari (ligne Nara)
🕒 Gratuit, ouvert 24h/24 – y aller tôt le matin pour éviter la foule
🎌 Temple shinto dédié au dieu des récoltes et du commerce, Inari
Arashiyama et sa forêt de bambous : beauté et calme au bord de la rivière

Le quartier d’Arashiyama, à l’ouest de Kyoto, est un havre de nature. On y vient pour la forêt de bambous, bien sûr, mais aussi pour flâner au bord de la rivière Katsura, visiter le temple Tenryū-ji, et même croiser des singes en grimpant la colline d’Iwatayama. L’atmosphère y est douce, presque hors du temps.
🌳 Entrée gratuite dans la bambouseraie ; temple Tenryū-ji : ~600 ¥
🚲 Louer un vélo pour explorer les petites ruelles est une bonne idée
📷 Matin ou fin de journée : meilleure lumière pour les photos
Gion : ruelles pavées, maisons de thé et silhouettes de geishas
Gion, c’est le Kyoto d’antan : lanternes rouges, façades de bois foncé, et cette impression que le temps s’est arrêté. C’est aussi ici que l’on peut, avec un peu de chance (et beaucoup de discrétion), apercevoir une maiko (apprentie geisha) se rendant à un rendez-vous. Le soir, les ruelles prennent une teinte magique, presque irréelle.
👘 Respect absolu requis : ne jamais gêner ou photographier les geishas sans autorisation
🕯️ À voir : le sanctuaire Yasaka en fin de journée, illuminé
💡 Petite pause : un matcha latte dans un salon de thé traditionnel
Kinkaku-ji (Pavillon d’or) : la carte postale… en vrai

Le Pavillon d’or, ou Kinkaku-ji, est l’un des temples les plus visités du Japon. Et même s’il y a du monde, la magie opère. Ce bâtiment recouvert de feuilles d’or, posé sur un étang miroir, est un chef-d’œuvre de raffinement. À chaque saison, le paysage change : cerisiers au printemps, feuillages rouges en automne, neige en hiver.
🎟️ Entrée : 500 ¥
📍 Un peu excentré (quartier Kita), mais facile d’accès en bus
📷 Photo classique depuis l’allée de droite juste après l’entrée
Nijo-jo : un château aux planchers qui chantent
Le château de Nijō, construit au XVIIe siècle pour le shogun Tokugawa Ieyasu, est un rare exemple d’architecture féodale encore visible à Kyoto. Ce qui frappe ici, ce sont les planchers rossignols : ils couinent volontairement pour signaler toute intrusion. Les peintures des salles, les jardins et l’agencement du bâtiment témoignent du raffinement du pouvoir d’alors.
🎟️ Entrée : 1 300 ¥ avec les jardins
📍 Proche du centre – accessible à pied depuis Karasuma Oike
🕒 Prévoir 1h30 à 2h
Philosopher’s Path : une balade entre fleurs, ruisseaux et temples cachés
Au nord-est de la ville, le chemin des philosophes (Tetsugaku no michi) est une promenade piétonne d’environ 2 km, le long d’un petit canal bordé de cerisiers. On y croise des chats, des peintres, des moines, des amoureux. Plusieurs petits temples, dont Hōnen-in ou Eikan-dō, jalonnent le parcours. En avril, c’est un tunnel de fleurs.
🌸 Printemps = hanami magique, mais fréquenté
☀️ Tranquille tôt le matin ou en fin d’après-midi
📚 Le nom vient du philosophe Nishida Kitarō, qui l’arpentait pour méditer
Ryōan-ji : le zen incarné
Kyoto, c’est aussi la spiritualité, et rien ne l’incarne mieux que le jardin sec de Ryōan-ji. Quinze pierres disposées dans un lit de graviers ratissés, de manière à ce que peu importe d’où l’on regarde, on ne les voie jamais toutes en même temps. Une métaphore de la vie ? Peut-être. En tout cas, une pause méditative parfaite.
🎟️ Entrée : 500 ¥
🕒 Idéal tôt le matin pour savourer le silence
📍 Accessible depuis le Kinkaku-ji à pied (~15 min)
Bonus : flâneries et bentō dans les combini
À Kyoto, même faire une pause sur un banc avec un bentō acheté au combini peut devenir un moment de grâce. La ville est truffée de petits parcs, de temples cachés, de recoins paisibles où s’asseoir, regarder les feuilles tomber et écouter le vent.
💡 Mon coin préféré : le parc Maruyama derrière Gion, au pied des collines de Higashiyama
Conclusion : Kyoto, entre beauté fugace et permanence
Kyoto, c’est l’équilibre subtil entre l’éphémère et l’intemporel. On s’y perd dans une ruelle pavée, on s’arrête devant une porte vermillon, on croise un moine ou un cerisier en fleurs. Tout semble fait pour ralentir, contempler, respirer. Kyoto ne se visite pas, elle se vit — en silence, en finesse, avec respect.